L’énergie occupe une place primordiale dans la trajectoire de neutralité carbone de développement et d’émissions nationales à l’horizon 2050. La SNBC est parfaitement en ligne avec le chantier prioritaire et colossal de décarbonation que la Tunisie a entrepris afin de faire face aux exigences climatiques de l’Union européenne qui a instauré une taxe sur le contenu en carbone à ses frontières. Les efforts de décarbonation devront viser aussi bien le mix énergétique que l’ensemble des principaux secteurs consommateurs d’énergie, notamment l’industrie.
Il y a aujourd’hui, en Tunisie, une prise de conscience sans précédent concernant le sujet de la décarbonation. L’efficacité énergétique reste un axe stratégique vers la décarbonation. Les professionnels du secteur observent ce changement d’un bon œil car il sert à la création de plus de synergie.
Dans un contexte géopolitique agité où la concurrence internationale est de plus en plus rude, les industriels sont appelés à participer à l’installation pérenne d’un écosystème favorable à l’émergence d’un modèle productif écologiquement responsable, économiquement viable et socialement soutenable.
Accompagner la transition énergétique
Compte tenu de l’influence considérable de la nouvelle donne climatique sur les marchés financiers, il apparaît crucial pour les entreprises industrielles, en quête de performance, d’adopter ce processus, en vue de mettre sur le marché des produits innovants pouvant accompagner la transition énergétique.
Tout l’enjeu est de mettre le levier de la décarbonation du tissu industriel au profit de l’apparition de nouveaux modèles d’affaires. Cette refonte nécessite la mobilisation de toutes les parties prenantes, par le biais de partenariats multipartites utiles à la progression d’une industrie disruptive.
Améliorer la performance énergétique des entreprises
La décarbonation est l’un des défis de taille qui se posent aujourd’hui à notre économie et à nos décideurs. Des défis d’ordre social, environnemental, mais avant tout commercial en raison des enjeux de compétitivité et d’accès aux marchés, —notamment après la mise en place par ses partenaires commerciaux de certaines règles à caractère environnemental —à l’exemple de la taxe carbone—, sont à relever.
La Tunisie a le potentiel pour devenir un leader international et régional en la matière. Avec environ 25% du PIB, le secteur industriel joue un rôle économique et social essentiel en Tunisie. Ainsi, il occupe le 1/3 des emplois et contribue considérablement aux exportations, notamment à travers les branches du textile, de l’agroalimentaire, des industries mécanique et électrique, ainsi que de la chimie. Le secteur cimentier joue également un rôle économique et sectoriel important (bâtiment, immobilier et infrastructure).
La vision stratégique nationale prône une réduction massive des émissions de toutes les sources de procédés, en engageant le développement et l’adoption de technologies de rupture moins intensives en carbone, y compris celles pour la production du ciment, pourtant réputées difficilement compressibles, ainsi que celles relatives à l’acide nitrique…
La composante transition bas-carbone de la stratégie nationale a été réalisée sur la base de larges concertations avec les principales parties prenantes concernées par la problématique du changement climatique en Tunisie, incluant les institutions publiques, la société civile, le secteur privé, et les experts opérant dans les différents domaines et secteurs de l’atténuation des GES.
Ces concertations se sont déroulées sous l’égide du point focal changement climatique (ministère chargé de l’Environnement), via l’Unité de Gestion par Objectifs qui est chargée de la réalisation du programme de suivi et de coordination des activités relatives à la mise en œuvre de «l’Accord de Paris».
Dans sa stratégie nationale bas carbone, la Tunisie s’est assignée comme objectif d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Celle-ci peut être considérée comme une opportunité pour soutenir la reprise de la croissance économique et se positionner au cœur du changement du modèle de développement.
Pour tirer profit de ses atouts(une position géographique centrale, des infrastructures industrielles et des ressources humaines qualifiées, adossées à une volonté de rayonnement à l’échelle régionale et internationale), et parvenir à la neutralité carbone 2050, la Tunisie doit accéder à des appuis financiers internationaux, notamment ceux liés à la finance carbone, multiplier ses collaborations et partenariats internationaux et régionaux, renforcer les interactions avec l’Europe, afin d’atteindre l’objectif commun de neutralité, notamment dans le développement des interconnexions électriques, et l’intégration industrielle rapide des filières technologiques du futur comme le renouvelable, l’hydrogène, celles liées à la mobilité durable, la valorisation des déchets, etc.
L’innovation technologique n’est pas des moindres.
Il faut reconnaître que les technologies d’aujourd’hui ne sont pas suffisantes pour rendre la neutralité possible. Pour parvenir à la neutralité, le monde mise sur des sauts technologiques majeurs. La Tunisie pourra viser la neutralité dans la mesure où elle accédera à des partenariats solides en matière de recherche/innovation, notamment ceux portant sur les modèles de production du futur, les matériaux et bâtiments neutres en carbone, sur l’hydrogène, l’économie circulaire, la restauration des sols, la gestion de l’eau, le captage et le stockage du carbone, etc.